Les Visiteurs, entre Histoire et fiction #3 : Jean-Marie Collot d'Herbois

Si la saga de Jean-Marie Poiré ne prétend pas faire oeuvre documentaire, divers personnages historiques apparaissent au cours des trois films des Visiteurs. Nous reviendrons donc de temps à autres sur ces figures de l'Histoire qui ont servi la fiction dans ces films.

Intéressons-nous dans cette troisième partie à Jean-Marie Collot d'Herbois (1750-1796), personnalité de la Révolution française qui croisa la route de Godefroy de Montmirail et Jacquouille la Fripouille dans le troisième volet. 

Bon, en fait, je n'ai pas d'image de ce personnage alors je mets celle-ci en guise d'illustration. Parce qu'il y a des révolutionnaires et que j'aime bien ce plan. 


Jean-Marie Collot d'Herbois dans l'Histoire de France

Jean-Marie Collot d'Herbois naît à Paris en 1750. Jeune homme, il se lance dans le théâtre comme comédien puis comme auteur, signant quelques pièces comme Le Paysan magistrat en 1777. Il dirigea notamment le théâtre de Lyon de 1787 à 1789. C'est à ce moment que la Révolution éclate. 

Collot d'Herbois prend place dans le Club des jacobins assez tôt dans la période révolutionnaire et siège à la Convention à partir de 1792 parmi les députés montagnards, c'est-à-dire aux cotés d'autres figures radicales telles que Robespierre, Danton ou Marat. Pour exposer les idées du régime, il publie en 1791 son Almanach du père Gérard, consacré comme le meilleur almanach patriotique de cette année-là. Il défend un certain nombre de valeurs, notamment l'abolition de l'esclavage dans les colonies. De plus en plus populaire grâce à ses talents d'orateur et de propagandiste, il devient également membre de la Commune insurrectionnelle de Paris en 1792, peu après les événements du 10 août qui ont vu la chute des Tuileries ainsi que celle de la monarchie. 

Jean-Marie de Collot d'Herbois se trouva par la suite mêlé aux dérives sanguinaires de la Révolution à partir de cette période. C'est ainsi qu'il fut impliqué aux massacres de septembre 1792 qui virent de nombreuses exécutions sommaires dans des prisons de Paris et en province au début de ce mois. Ces événements dramatiques furent consécutifs au contexte d'alors, entre la suspension de Louis XVI et la crainte d'une invasion contre-révolutionnaire par les troupes prussiennes. La panique populaire se transforma en haine exacerbée par les autorités politiques. Les historiens estiment qu'environ 1100 détenus furent tués, dont des prisonniers de droit communs, des prêtres qui refusaient de prêter serment à la République ou encore des aristocrates. Cela préfigure ce que sera la Terreur mise en place l'année suivante. Collot d'Herbois participe également au procès du roi en janvier 1793 en votant pour la condamnation à mort puis poursuit sur cette lancée en réprimant durement l'insurrection royale qui émerge à Lyon en novembre de la même année. Devenu une figure importante du Comité de Salut Public, Collot d'Herbois manque de peu d’être assassiné en mai 1794 par son voisin.  

Cependant, le règne de la Terreur et les rivalités pour la prise du pouvoir entraînent Collot d'Herbois à se distancer de plus en plus de Robespierre, estimant que le régime révolutionnaire tourne à la dictature. Il complote alors contre l'"incorruptible" et met en place avec d'autres députés de la Convention les conditions qui conduisirent à l'arrestation de celui-ci. Robespierre est guillotiné le 28 juillet 1794. Collot d'Herbois ne profita cependant pas longtemps de sa victoire car, lui-même mis en accusation quelques mois plus tard, il fut condamné en 1795 à la déportation en Guyane. Accompagné en exil de plusieurs autres montagnards, Jean-Marie Collot d'Herbois meurt le 8 juin 1796. 


Jean-Marie Collot d'Herbois dans l'histoire des Visiteurs

Collot d'Herbois n’apparaît que dans le troisième épisode et n'a qu'un rôle peu important. On apprend qu'il est camarade de Gonzague de Montmirail à la Convention et également le mari de Flore, une comédienne, laquelle se trouve être aussi l'amante de Gonzague. Collot d'Herbois arrive en retard au dîner organisé par Charlotte Robespierre et déclame un poéme sur la liberté qu'il vient de créer, lequel n'emporte d'ailleurs pas l'adhésion des autres révolutionnaires présents. On sait de plus qu'il est peu apprécié par la sœur de l'Incorruptible qui considère que c'est un traître. 

Collot d'Herbois est toutefois non complètement négligeable puisqu'il connait l'adresse de la mère de Dieu que Godefroy et Jacquouille doivent impérativement trouver pour espérer pouvoir regagner leur époque. Enlevé par les deux moyenâgeux, Collot d'Herbois les conduit jusqu'à elle et finit le film attaché dans un puis.    

Le personnage de Jean-Marie Collot d'Herbois est interprété par Lorànt Deutsch dans le film Les Visiteurs 3 : la Révolution (2016). 


Sources : 
Dominique Vallaud, Dictionnaire historique, ed. Librairie Arthème Fayard, 1995, p. 211.
Wikipédia.
Article Jean-Marie Collot d'Herbois, encyclopédie en ligne Larousse. 

Commentaires

  1. Bonjour, merci beaucoup pour cet article sur Jean-Marie Collot d'Herbois. Je voudrais corriger quelques inéxactitudes qui ne viennent pas de vous mais de votre source. Jean-Marie est né en 1749 (le 19 juin) et non en 1750.

    Il n'y a aucun témoignage qui le lie aux massacres de septembre. Lors des massacres, début septembre 1792, Collot d'Herbois s'occupe des élections à la Convention Nationale. Il est le président de l'Assemblée des électeurs parisiens. Il est élu lui même député de Paris, précédé seulement par Robespierre et Danton quant au nombre des voix. Il a dit, aux Jacobins, que sans les massacres de septembre, il n'y aurait pas de Convention. En effet grâce à ces événements les candidats radicaux ont obtenu le plus de soutien puisque les électeurs n'ont pas osé voter pour des candidats modérés ou royalistes. On lui a reproché cette opinion mais cela ne suffit pas pour affirmer qu'il a personnellement participé aux massacres.

    Il n'a pas été accompagné en exil par plusieurs montagnards. Seul son collègue et ami Billaud-Varenne a été envoyé en déportation en même temps. Cependant, les deux prisonniers sont séparés, voyagent vers Guyane sur des navires séparés, arrivent à des dates différentes et sont emprisonnés séparément dans des prisons différentes à Cayenne. Ils se sont probablement revus à l'hôpital de Cayenne peu avant le décès de Collot d'Herbois, tous les deux étaient atteints des fièvres mais Billaud a survécu. Certains anciens montagnards (Bourdon de l'Oise, Rovère) ont été envoyés en Guyane après le 18 fructidor donc plus d'un an après le décès de Collot.

    Sa femme, née Anne-Catherine Joséphine Catoir, était une fille de notaire. Elle paraît peut-être quelque fois sur le théâtre dans les productions de son mari mais elle n'est pas vraiment comédienne. Elle est la partenaire de son mari dans les entreprises qui concernent la gestion des théâtres et elle signe parfoir les documents officilels avec son mari en tant que son associée. Il n'y a aucune histoire scandaleuse ou frivole autour de la vie privée de ce couple. Ils semblent avoir été un ménage heureux.

    Le poème qu'il déclame dans le film est en effet de Collot d'Herbois mais il n'a pas été écrit à l'époque où il était membre du Comité de salut public. Il date probablement du début de la Révolution et il a été publié avec l'Almanach du Père Gérard.

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