Les Aventuriers de l'Inconnu : les procès d'animaux au Moyen Âge

Quand on regarde le fonctionnement et les mentalités des sociétés du passé avec notre regard du XXIe siècle, beaucoup de choses peuvent nous paraître aujourd'hui archaïques voire même parfois très étranges. L'une de celles qui furent parmi les plus étonnantes est sans conteste la pratique de procès contre des animaux au Moyen Âge. L'on estimait en effet à cette époque que les canards, insectes, poissons, chiens, chats, moutons, cochons et autres bestioles pouvaient être tout autant justiciables que les Hommes et qu'ils pouvaient donc passer en justice pour leurs "crimes". Pour les gens du Moyen Âge, les animaux font partie de la communauté des créations de Dieu au même titre qu'eux-mêmes et ils doivent donc suivre les mêmes règles religieuses. 

Un cas bien connu est celui d'une truie condamnée à mort à la fin du XIVe siècle dans les environs de la ville de Falaise, en Normandie. L'animal, qui avait renversé dans la rue un jeune enfant et commencé à le manger, fut traduit en justice par les habitants après que celui-ci succomba à ses blessures. Au terme d'un procès qui dura neuf jours, la truie fut pendue puis brûlée. 

Illustration figurant le procès d'une truie et de ses porcelets au milieu du XVe siècle.

Le cas de la truie de Falaise en 1386 est le plus connu mais il en existe beaucoup d'autres, avec des variations selon les détails de l'histoire : on peut citer par exemple l'excommunication de nuées d'insectes, des dauphins exorcisés à la fin du XVIe siècle à Marseille, l’exécution d'un coq pour sorcellerie en 1474, les attaques superstitieuses contre les chats qui seraient en réalité des sorcières transformées, etc. Tout cela montre que cette pratique était fort répandue dans l'Europe médiévale et qu'il fit partie des mentalités pendant très longtemps. 

C'est finalement au XVIIe siècle que les procès d'animaux finiront par décliner puis disparaître, grâce notamment à l'arrivée de la pensée cartésienne qui ne considère que l'Homme comme être pensant dans l'oeuvre de Dieu. 

La pratique des procès d'animaux donne un bel exemple de ce qu'étaient les mentalités médiévales mais est également source d'histoires amusantes, tant ce principe peut nous paraître complètement décalé de nos jours. C'est pourquoi il m'a semblé intéressant de faire une place aujourd'hui à tout cela sur le blog puisque cela fait quelque part partie du décor dans lequel évolue Godefroy et Jacquouille à leur époque d'origine.

Il y a quelques années, une émission sur les phénomènes paranormaux passaient l'été sur RTL. Si elle avait ses défauts (un peu trop tendance à tirer vers les explications qui font rêver les auditeurs...), Les Aventuriers de l'Inconnu (précédée auparavant par Les Aventuriers de l'Impossible), présentée par Jacques Pradel et Henri Gougaud, revenait dans son numéro du 28 juillet 2017 sur cette étonnante pratique au travers des exemples marquants et c'est ce que je vous partage aujourd'hui. 


Et pour compléter ce podcast, je vous laisse aussi le lien d'un article que France Culture avait dédié à cette problématique avec des explications et des interventions de spécialistes du monde médiéval, comme l'historien Michel Pastoureau, qui est d'ailleurs le lien entre les deux documents du jour. 


En espérant que cela vous intéressera sous ce Soleil de plomb, je vous souhaite une bonne écoute et une bonne lecture 😉 !


Les rues des villes et faubourgs du Moyen Âge où les animaux pouvaient déambuler librement devaient ressembler un peu à ce plan extrait des Visiteurs 2.

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